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une utopie de village

  • cestpartipouruntour
  • 28 août 2014
  • 5 min de lecture

Nous suivons la nationale et remontons peu à peu la file qui roule au pas. Une ouverture se dessine enfin vers la gauche, les immenses lettres peintes en noir nous confirment l'arrivée à bon port: Emmaus Lescar-Pau. À côté de l'entrée se dresse une épicerie multicolore, une crèperie octogonale et des petits panneaux indiquent la direction de la ferme du village. Que fait-on derrière les petites cabanes éssemées ici et là? Que cachent ces cagots verts, énormes? Comment une communauté peut-elle vivre grâce à des déchets? Nous avons tenté de répondre à ces questions en quelques jours et essayerons en ces quelques lignes de vous en rendre compte, partiellement évidemment.

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Tout commence donc avec ces déchets, ces piles de surplus d'objets jetés et inutilisés. Il faut avouer que ces tas de vêtements, les containers de livres usagés et les meubles dépiautés qui apparaissent aux quatre coins de l'entrepôt donnent le vertige... voire la nausée quand on nous explique que ce que l'on voit n'est que l'arrivage du jour. Et la déchetterie est ouverte sept jours sur sept.

Autour de ces fameux containers s'activent une vingtaine de personnes, elles reçoivent la marchandise, séparent ce qui est revendable de ce qui ira directement à la déchetterie. Tout le travail se passe ensuite du côté du tri, il s'agit de répartir tout ce qui vient par catégorie, par type, par taille, par état. Ensuite tous ces objets, qui vont de la vieille cafetière au t-shirt en passant par la tondeuse ou des châssis, seront revendus quelques mètres plus loin, dans les grands hangars qui jouxtent le centre de tri.

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Ça c'est donc le principe d'Emmaus Lescar-Pau, l'objet de leur travail et la face visible de cette communauté au développement durable. Mais derrière ces façades de métal, il y aussi des vies; plus de cent vingt personnes occupent soit des caravanes, des maisons en bois ou des chambres individuelles. C'est que le fondement de cet Emmaus est celui inscrit sur un panneau de l'entrée, celui d'accueil inconditionnel. Les habitants du “village” comme ils se définissent, viennent d'un peu partout: de France naturellement, mais aussi d'Espagne, d'Italie, de Belgique,... Concrètement, lorsque quelqu'un veut faire partie du village et y travailler, il peut soit y être bénévole pour un temps assez court ou devenir “compagnon”, cela veut dire qu'ils y travailleront, et, en échange, ils seront nourris, logés, blanchis et recevront un peu d'argent de poche ( de quelques dizaines d'euros, au départ, à environ 400 euros). Ce n'est pas énorme étant donné le travail abattu, car tout le monde travaille de 7h45 à 18h, du mardi au samedi.

Pour notre part, nous avons travaillé à l'accueil de la recyclerie (Chris) où il faut trier les marchandises qui arrivent du coffres des voitures et moi je suis passée du tri de vêtements à la vente. Un des premiers constats est donc celui de la déplorable quantité d'objets jetés. Alors ok, on en peut pas tout garder chez soi, mais pourquoi une telle consommation? Le système actuel s'évertue à vendre plus pour consommer plus (et l'inverse) alors que la plupart des objets ou vêtements sont encore tout à fait fonctionel si pas en parfait état... A qui profite la mode?

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Quatre jours durant, nous avons rencontré et travaillé avec des gens très accueillants pour la plupart qui vivent là-bas depuis quelques mois ou plusieurs dizaines d'années par nécessité ou par idéologie. L'ambiance est agréable même s'il règne parfois une certaine fatigue, et pour cause, les journées de travail sont longues et le travail difficile; de ce point de vue, les travailleurs son très maigrement rétribués pour leurs efforts. Lescar-Pau est aussi souvent critiqué pour manquer de lien avec les autres Emmaüs de France, mais il faut reconnaitre que le village est, par contre, très bien intégré dans la région et tous les habitants connaissent cet Emmaüs si particulier. Les nombreux évènements organisés par le reponsable, Germain, et tous les compagnons y sont pour beaucoup: l'acitivité la plus connue est le festival d'été qui attire plus de 20.000 personnes chaque année pour divers concerts. En plus de cela, sont organisées tout au long de l'année, des activités comme des spectacles de chevaux tziganes ou encore la fête du village. Nous étions justement là pour cette fête ouverte à tous et qui avait pour but d'ouvrir le village à tous les habitants de Pau et d'ailleurs et ainsi faire revivre des jeux anciens (comme le mât de cocagne!) et faire connaitre le village et la communauté. Un vrai succès!

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Ce qui nous attiré au départ dans cet Emmaüs, c'était les éco-habitats et on se disait qu'on pourrait aider à construire ces maisons en bois qui remplacent peu à peu les anciennes caravanes. Finalement, nous étions plus utiles à la recyclerie, mais cela en nous a pas empêché d'aller voir de plus près ces bicoques originales! Deux-trois exemples pour la route: les camps des jeunes bénévoles sont aménagés dans des anciens wagons de trains et leur sanitaires sont des maisons à l'envers, un nouvel atelier “artisanat” occupera un bâtiment-verrière construit avec des chassis de récupération et une série de nouvelles maisons penchées dans un sens et dans l'autre est en train de sortir de terre au fond du village. En fait, Germain nous explique qu'en plus de créer des maisons (liliputiennes) bien isolées et écologiques, Lescar-Pau se veut aussi d'être un laboratorie d'innovations, pour rêver, innover et inspirer. L'utopie est en route!

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Alors quel est notre avis général de ce village communautaire? C'est vrai que cet Emmaüs est géré de main (poigne?!) de maître par Germain qui a lancé cette (au départ petite) communauté il y a 30 ans et, loin d'être une utopie soixante-huitarde dépassée, c'est un projet en constant renouveau. Une de nos réserves concerne cependant l'importance du travail, central, dans ce village: au delà de l'aspect sécurité et droits du travail pour le moins réduits, le travail semble occuper toute l'attention et l'énergie des compagnons. Apparement, peu d'entre eux ont des hobbies après le travail ou du temps pour lire, créer, comprendre, se divertir. J'imagine que pour certains d'entre-eux/elles, ce rythme soutenu et régulier du travail les cadre et leur permet de reprendre leur souffle après de difficiles évènements de la vie, mais je me pose la question de savoir si la productivité à tous prix et le rendement (des valeurs, somme toute, assez capitalistes) forment et cadrent réllement une personne...

Un autre point assez flou est celui du fonctionnement démocratique de la commaunauté, parce que, d'accord, il y a un maire du village (hyper dynamique!), mais le seul à décider si un compagnons est “viré” ou sanctionné est le fondateur de la communauté à savoir Germain. À ce tarif là, est-ce que les reposnsables des ateliers et le maire lui-même peuvent réellement s'opposer au “chef”? À creuser donc.

Dans tous les cas, cette expérience commaunautaire nous a montré pas mal de choses, nous a poussé à réfléchir et nous a fait rencontrer des personnes vraiment différentes. En plus d'une recyclerie, d'une ferme, d'une crèperie ou d'éco-habitats, la richesse de l'Emmaüs Lescar-Pau réside dans ces rencontres!

 
 
 

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