la tête hors du guidon
- cestpartipouruntour
- 8 sept. 2015
- 2 min de lecture
Le cyclotouriste américain applique en "vacances" un des préceptes dictés à l'école : la com-pé-ti-ti-vi-té. Astoria - San Francisco en quinze jours, check! Parmi ces coursiers, ces chercheurs d'exploit, ces bouffeurs de bitume, ces ultra-légers prêts à s'entrainer six mois à dormir sur un bras dans l'unique but de se passer d'un oreiller, deux tortues à vélo sortent du lot. On les rattrape.
Caroline et Antony voyagent en vélos pliables Brompton à travers le monde: des roues minuscules, une position bien droite, une sacoche avant et un sac-à-dos posé sur le porte-bagage, ils n'ont d'autres choix que de profiter lentement de leur voyage, la tête hors du guidon!
Jusqu'alors, nous avions croisé des vélos droits bien sûr, en bambou parfois, des vélos couchés aussi, des tandems, des tandems couché debout (style Pino, très à la mode pour les lunes de miel), des tricycles, mais pas encore de vélos pliables car ils seraient les premiers à parcourir le monde de cette manière. "Ils ne savent plus quoi inventer." diront les mauvaises langues. "Two small wheels, awesome!" lanceront ironiquement plusieurs américains. Si je traduis: "Deux petites roues, trop lent, aucun intérêt." Et pourtant...
Et pourtant n'est-il pas possible d'être libre de ses choix au pays de l'ultra-libéralisme? Préférer cultiver le déplacement en vélo plutôt que l'omniprésence de la voiture? Préférer le minuscule au gigantesque ? Oui, mais en entrant dans le moule, c'est-a-dire à vélo de course et vêtu de jaune fluo de la tête aux pieds...
Et pourtant le minuscule n'a-t-il jamais tué personne ? Que du contraire! Urbain avant tout, Caroline et Anthony partent à la découverte des villes tentaculaires étasuniennes sillonnant en toute agilité entre voitures et piétons. Tout petit une fois replié, le vélo se fait oublier à la consigne d'un musée, au vestiaire d'un restaurant ou dans un transport en commun.
Et pourtant voyager en Brompton n'est-il pas un retour à l'essentiel de l'essentiel? 90 litres disponibles contre 130 habituellement sur un vélo de randonnée "traditionnel", c'est minutieusement choisi puis comprimé dans des sacs-au-sec que se retrouve l'indispensable. Une fois le vélo et la sacoche avant repliées dans la réserve d'un hostal, le biker se transforme rapidement en hiker, prêt à partir à l'assaut des montagnes. Caroline et Anthony possèdent ce que d'autres n'ont pas, la modularité dans la mobilité, un bagage supplémentaire finalement. Lorsque l'endroit ne leur plait pas, ils plient, empaquėtent le tout dans un sac à couette et prennent un car, un bateau, un avion,..., sans le stress de casse qui les accompagne. C'est ainsi qu'ils se permettent un voyage plein, condensé, choisissant les meilleurs endroits à parcourir dans chaque pays ou le luxe de visiter l'une ou l'autre île.
Alors c'est vrai que voyager de cette façon n'est pas parfait, le vélo pliant possède en effet les défauts de ces qualités. C'est ainsi qu'il n'est peut-être pas possible d'aller partout, gravir des pentes à 15%, emprunter des pistes gravières, parcourir de longues distances sur une seule journée,..., mais peu importe, laissons courir les imaginaires, les façons de pédaler au long cours sont toujours en cours de création, à chacun de trouver son bonheur. Qui nous rejoint?

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