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colombiamiga

  • cestpartipouruntour
  • 24 juin 2015
  • 4 min de lecture

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Un groupe de cycliste nous rattrape. Nous sommes partis de bon matin pour éviter la chaleur tant annoncée mais aussi fuir la miteuse chambre que nous avions trouvée la veille, alors que la nuit s'installait sous les cris de la ville en fête. Le paysage est vallonné, la route grimpe puis redescend des collines comme si elle voulait suivre la rivière sans toutefois l'oser. Le petit peloton profite d'un raidillon pour nous encercler et nous assaillir de questions. Pour eux pas de classements entre les cyclistes de route et ceux des pistes boueuses, les promeneurs du dimanche et des voyageurs-tortues. Nous sommes tous des amis du vélos, passionnés du mouvement et assoiffés de rencontres. Le cyclisme est le deuxième sport national en Colombie et la bande dirigée par José aura tôt fait de nous le prouver en nous offrant d'abord un jus de canne dans une cabane le long la route. Souvenirs flashs du Pérou et de cette odeur puissante qui flottait tous les matins dans l'air de l'hacienda. Mais ici, pas de vapeur chaude et capiteuse, plutôt un breuvage épais et glacé qui nous régénère de l’intérieur et refroidi nos sens anesthésiés sous le soleil déjà trop haut. Plus tard, c'est des petits pains chauds qu'ils nous offriront et nous en empliront plein les bras avant de nous souhaiter bonne route.

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Il nous hèle alors que nous slalomons entre les passants à la recherche d'ombre et d'un dîner qui nous changera des omniprésentes et grasses empanadas. Il nous invite à un café, tout naturellement. Il adore le voyage, il connait bien le continent américain, il est tout joyeux malgré le chikungunya qui l'assaillit depuis quelques semaines, il s’appelle Hernán. Cet homme aux cheveux blancs nous questionne et renchérit aussitôt. Il nous parle des FARCS qu'il a dû fuir puis continue de discuter en riant avec la voisine de table, il enchaîne avec un passant, puis le couple d'à côté. Pour Hernán, pas de temps à perdre, il vit sa vie en apnée et sans back-up car le temps passe. Avant de nous laisser, il tient à nous offrir un cd de musique du Huila, la région, en échange d'une photo d'un professionnel recruté sur le pied de guerre. Il nous immortalise, juste un peu étonné de voir cet hurluberlu flanqué de deux gringos avec leurs mules sur roues.

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L'odeur du café fraîchement moulu nous oblige à une pause dans une de ces boulangeries qui ont été clonées de villes en villes. Du café, certes, mais surtout d'immenses présentoirs en verre où sont alignés des centaines de petits pains de toutes les formes, couleurs, textures. En bas, une collection de gateaux nappés de colorants fluorecents qu'il ne reste plus qu'à personnaliser du nom de l'enfant fêté: Rosa ou Kylie, Dorian ou Francisco. On sort du café et je me cogne à un habitant arrêté devant les vélos. Et c'est parti pour un tournée de questions. On doit absolument reprendre la route, on répond à demi-mots mais souriants. Puis le voilà qui me fourre dans la main un billet de 20.000 pesos. Je refuse, il insiste: c'est pour la glace qu'il n'a pas pu nous offrir.

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Nous quittons les chauds flancs de la rivière Magdalena pour grimper dans “el triángulo cafetero”, la zone de culture de l'or rouge colombien. Mais à notre grand malheur, la chaleur nous poursuit et la moiteur de l'air ne fait plus qu'un avec la transpiration. Gluants nous sommes. Le paysage pourtant, est inégalable: des caféiers à perte de vue parsemés de bananiers vert criard. Ils grimpent partout, envahissent chaque pli de montagne qui tombe à pic puis remonte plus raide encore. Les tournants se succèdent, les camions-cargos nous frôlent et c'est sur le coup de 18 heures que nous atteignons Cajamarca, unique plateau en cette jungle qui n'a de gazon que la couleur. Elisa nous attend de pied ferme, les cyclistes, elle commence à les connaitre car son fils lui en envoie toutes les lunes via Warm-Shower. L’accueil des étrangers aussi elle le gère depuis des années, durant ces centaines de nuits blanches dans le grand hôtel de cette minuscule ville où elle est réceptionniste. Et Elisa, c'est notre maman colombienne, elle nous cuisine, nous balade, nous fait goûter les mets locaux avant de nous renvoyer sur la route frais et dispos. Elle nous envoie un dernier sourire car elle, elle sait ce qui nous attend.

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Sept heures plus tard, nous sommes de l'autre côté de la montagne dans une brume moite. On s'arrête pour un café trop sucré et on commente les muscles douloureux, la couche de poussière d'échappement qui recouvre nos bras et la file indienne de semi-remorques qui n'en finit jamais. 25 petits km de montées et son identique descente, mais des tronçons “murs” qui frôlent les 20% aux côtés de camions fumants. Vivement la bonne douche, vivement un bon repas et vivement la journée de repos du lendemain. Tout cela c'est Hernando et Elizabeth qui nous l'offrent dans leur cabane-restaurant en gaduas, ces énormes bambous qui servent à tout ou presque dans la région. Hernando, c'est le steak délicieusement grillé, c'est la balade à fond de balle au cœur des caféiers, ce sont les cabanes et coques de noix qu'il taille dans toutes les formes. Hernando, c'est une vie incroyable qu'il nous raconte d'une traite sous sa terrasse tropicale et le grand livre des cyclistes de passage où nous apposons notre photo. Nous sommes les 103ème à recevoir tout cela.

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Voilà pourquoi Colombia-amiga!

 
 
 

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