sur le chemin de Séville, j'ai vu...
- cestpartipouruntour
- 8 oct. 2014
- 4 min de lecture
Eh oui, le cap des 4 000 km est franchi et nous voilà à Séville, la belle Andalouse, que l'on connait déjà un peu, mais qui nous réserve toujours ce mélange si agréable de retrouvailles, de souvenirs et de nouveautés.
Des milliers de kilomètres qui ne prennent sens que si on se remémore toutes les rencontres sur la route, plus ou moins longues, mais qui finalement, d'une manière ou d'une autre, nous font réfléchir.
On repense, par exemple, à Shona et Miguel, un couple de Sud-Africains rencontrés sur le chemin de St Jacques et revus par la suite en Algarve. Harponnés devant la cathédrale de León, ils nous racontent qu'ils n'en sont pas à leur premier périple à deux roues: il y a 2 ans, ils ont réalisé une traversée de l'Afrique durant 6 mois. Ils ont ainsi relié Le Cap au Caire à la force de leurs mollets et au rythme éffréné de 120 km par jour. Il faut dire qu'ils étaient nourris, logés et blanchis par l'agence de voyage qui les encadrait pendant ces 12 000 km (http://tourdafrique.com/tour-dafrique). Shona nous confie qu'ils ont maintenant décidé de voyager plusieurs mois par an tout en "travaillant" un petit peu, elle touchant les bénéfices de son “business” à Kingston pendant que Miguel, lui, joue avec les chiffres depuis sa bicyclette, car il est... trader!

Une autre rencontre mémorable a eu lieu le long d'une plage de sable fin (non, on en s'y baignait pas, on la longeait seulement), où un cycliste hirsute et à bout de souffle nous rejoint. “Salut, moi c'est Igor, et vous?”. Igor est brésilien; mais francophone, car il a vécu au pays du saucisson, de la baguette et du vin rouge pendant 10 ans. Il a décidé de tout quitter en avril dernier pour parcourir les routes du monde et perdre quelques kilos, les poches sans aucun billet mais pleines de ballons... Igor est clown! Grâce à son talent, il se fait offir des repas, il troque des ballons en forme de fleurs contre des aliments ou d'autres, en forme d'épées ou de chapeau, contre le gîte. Le reste du temps, ce “vélo migrateur” (c'est son nom) vit de ses performances dans les parcs ou places publiques, comme à Lisbonne, où il est resté un mois.

Attablés autour de Sagres fraiches (la bière pils du coin), il nous explique qu'il voyage au gré des saisons, des rencontres et des vents. Pour l'heure il se dirige lentement mais sûrement vers Rabat où, dans quelques jours, il a rendez-vous avec deux journalistes qui ont prévu de suivre sa cavalcade originale pendant une semaine. A bientôt peut-être donc !

Tous les cyclistes ne sont cependant pas si contemplatifs comme nous l'ont montré le trio de chinois croisé plusieurs fois dans le nord de l'Espagne. Plantons le décor: une ruelle pavée au bout d'un pont médiéval au milieu d'un village endormi de Castille, on s'arrête à prendre un cliché lorsqu'on tombe nez à nez avec l'oeil cyclope d'un autre appareil photo, 10 fois plus gros que le nôtre au bout duquel un chinois souriant nous apostrophe. On taille la bavette quelques minutes puis c'est seulement après les avoir revus plusieurs fois sur le camino que leur épopée prend sens. Nos amis asiatiques en sont pas de “simples” pélerins en quête de Compostelle. Ils sont de fait sponsorisés par Décathlon et leur secrétariat national du tourisme pour rendre compte, dans les moindres détails, de leur aventure jacquaire. Le 4e laron sans bagage se révèle être le photographe attitré de la team et il est lui-même suivi par une camionette Mercedes transportant leur matériel vidéo et de photo. Entre deux coups de pédales, je demande à nos compagnons de route si l'Espagne leur plaît et ils me répondent que oui bien qu'il soient assez perplexes face à l'équation “bar, tapas, tranquilidad” des villages du Nord de l'Espagne, car en Chine, on vit pour travailler et pas l'inverse. La preuve, au pays du soleil levant, la moyenne de vacances annuelles est de 6 jours (…). Sur ce, ils s'encourent rejoindre leur auberge, car ils doivent encore terminer leur interview, leur compte-rendu de l'étape et la préparation du scénario pour le lendemain. Le concept du “tapeo” entre amis chinois n'est donc pas pour tout de suite ! Par contre, ne soyez pas étonnés si vous rencontrez des files d'asiatiques sur les routes de St Jacques dès l'année prochaine...

Une dernière anecdote pour la route?
Elle est courte et se résume à “fotofotofotofoto”. C'est en hurlant cette formule (incompréhensible dans le vent) qu'un vététiste espagnol nous arrête dans une côte de l'Algarve (oui parce qu'il y en a quand même, hein). Il roule également vers St Jacques (décidément) et a commencé son périple à Ayamonte, à l'extrême est du Portugal. À mon avis, il n'avait pas encore rencontré grand-monde sur la route, mais il faut dire que cette tactique d'approche est à revoir. Sur ce, je m'en vais mettre mes fotos-fotos-fotos sur le site!

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