piste Imilchil-Tilmi

Alain et Bruno, nos deux amis français poursuivant vers Marrakech, nous les quittons avec tristesse. Le groupe et son côté “caravane de copains en voyage à vélo' laisse place à une complicité retrouvée. Le temps étant exécrable, nous envisageons après 25 km le plan B et l'ascension en véhicule. En camionnette tout d'abord, en mini-bus ensuite, les vélos à chaque fois sur le toit au milieu de vivres et de moutons, nous-mêmes casés tant bien que mal entre berbères montagnards, le tout bercé d'une musique pop-arabe forte et répétitive.

Nous arrivons en soirée à Imilchil, à 2150 mètres d'altitude, dans le Haut-Atlas, à la croisée des chemins. Car c'est ici en effet que les trekkeurs l'été croisent les amateurs de sport l'hiver. C'est ici aussi que les nomades berbères des montagnes environnantes se retrouvent pour vendre mules, ânes, chameaux, moutons,..., lors du marché des vendredis et samedis. C'est ici également que se retrouvent les célibataires de l'Atlas pour se rencontrer, se vêtir d'habits traditionnels et se marier le temps d'un week-end. C'est ici enfin que se regroupent des groupes de musiciens des quatre coins du monde pour le Festival de Musique des Cimes organisé mi-septembre. En référence au dicton marocain “les gens pressés sont déjà morts”, nous goûtons au temps qui passe dans ce carrefour insolite.

La route d'Imilchil à Tilmi, bled situé dans la vallée du Dadès, est une merveille et nous la hissons sans hésiter aux sommets des routes à parcourir à vélo au moins une fois dans sa vie. En voici sept raisons illustrées:

1. Traverser des paysages variés et vertigineux: villages et cultures jusqu'à Agoudal, tronçon en lacets jusqu'au col Tizi'n-Ouano et piste panoramique en pente descendante jusque Tilmi.

2. Découvrir le mode de vie berbère du Haut-Atlas tout en symbiose avec les éléments: de l'eau de source pour boire, se laver et nourrir les champs via des canaux d'irrigation, du bois pour allumer le four à pain, de l'argile pour fabriquer des briques de terre crue, du soleil pour les sécher,..., il ne leur manque plus que des panneaux solaires pour être parfaitement autonomes! On apprécie par ailleurs un travail partagé plus équitablement entre hommes et femmes.

3. Biouaquer en pleine nature: sans un bruit, ni enfant qui quémande, pas de chiens, ni de Marocains te dépassant en 4x4 et te proposant un logement “pas cher, pas cher”,...

4. Passer un col à 2750 m sans grande difficulté ou presque, ouvrir ses mirettes, gonfler ses poumons à plein tube et profiter d'une descente (un peu technique) de plus de 10 km.

5. Rouler sur un piste gravière au Maroc, car qui dit piste, dit moins de véhicules, moins de touristes, moins d'hôtel, moins d'appreils-photo à deux pattes à la recherche “du” cliché-souvenir (Malheureusement, le roi Mohamed VI continue l'asphaltage de toutes les pistes du pays. Celle-ci en sera pas épargnée. En témoigne les tas de graviers qui s'amoncellent petit à petit sur les bords)

6. Avoir le sentiment de en jamais se sentir seul, car à un moment ou à un autre, tu croises toujours un berger et ses moutons, des nomades berbères ou encore l'un ou l'autre Marocain à vélo.

7. Prendre un whisky berbère (= thé à la menthe) chez Bassou et partager la vie spartiate et contemplative d'un habitant du Haut-Atlas.

Prévoyez 40 à 50 km par étape afin d'appréhender la montagne à cette altitude, prendre le temps de s'arrêter aussi et goûter à ces paysages grandioses! Nous sommes prêts à vous y emmener à notre retour!