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compagnie (2)

  • cestpartipouruntour
  • 6 nov. 2014
  • 3 min de lecture

Scrutant dans mon rétroviseur une kasbah qui s'éloigne, j'aperçois un cyclotouriste à toute allure. Il me rejoint. Adam est madrilène. Il a quitté copine, maison et travail pour goûter à une autre vie, une plus à même de répondre à ses besoins. La rencontrera-t'il au Sénégal, son pays de destination? Habitué de bivouaquer entre deux habitations, en pleine nature ou aux côtés de gardiens de travaux logeant à la semaine le long des routes, va-t'il nous suivre et nous accompagner ce soir sur la terrasse d'un hôtel? Un thé partagé tous les trois en suffira pas pour répondre à ces questions et nous cherchons ensemble à Skoura un lieu propice au bivouac.

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La famille Gharbi, dont le gîte est situé au milieu de la fameuse palmeraie, nous ouvre ses portes. On installe nos toiles sur la toit-terrasse dont la souplesse étonne, car il est construit de manière traditionnelle, une structure bois porteuse sous-dimensionnée, des nattes de bambous et une dalle de pisé d'une quinzaine de centimètres. Notre hôte, Mohamet, nous offre ensuite le thé de bienvenue accompagné de biscuits maison. Il nous explique préparer depuis une semaine des seaux entiers de biscuits pour l'arrivée imminente de son second enfant. C'est une tradition en effet ici d'accueillir la famille entière à l'arrivée du bébé avec des tas de biscuits plus délicieux les uns que les autres et ce durant une semaine. Au terme de ce temps de fête sera choisi collégialement le prénom de l'enfant. Pratique aux antipodes des nôtres où le prénom est déjà discuté au sein du couple neuf mois avant voire plus! Les partages sont authentiques et nous dégustons des dattes fraîchement cueillies dans les palmiers de son jardin, les échanges aussi et il n'hésitera pas à nous contredire dans nos observations. On apprend par ailleurs que la plupart des coopératives de femmes tissant ou produisant de l'huile d'argan ne touchent qu'un salaire de misère, les bénéfices allant à un hommes d'”affaires” les dirigeant en coulisse.

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Adam nous accompagnera maintenant plusieurs jours et jusque Marrakech. Ourzazate, dont seul le nom évoque un brin d'exotisme, ne mérite pas un arrêt prolongé. On y trouvera cependant bière et vin marocain, de quoi égayer nos conversations. Adam nous explique rejoindre le Sénégal pour y travailler comme coopérant dans l'ONG “Action contre la faim” et y dessiner un nouveau réseau d'irrigation.

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Notre convoi à trois rejoint ensuite la vallée d'Oulina, entre Ourzazate et Marrakech. “Vallée” n'est pas le terme exact, car il s'agit bien de retraverser l'Atlas... L'entêtement d'Adam pour apprendre l'arabe et le berbère et converser ensuite avec les locaux nous ouvre des portes ou en tout cas nous permet d'engager davantage de conversations. Cette méthode d'intégration nous incite à en faire de même dans le futur, au Sénégal peut-être avec le wolof.

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Se calquant sur ses habitudes de voyageur sans le sou (il n'avait lors de son départ que 800 euros en poche), mais bien décidé de profiter de ce que le Maroc offre de meilleur, nous tentons de dénicher tantôt le sandwich bon marché le plus alléchant, tantôt le boivouac le plus improbable quitte à s'installer une demi-heure avant la nuit tombée. Pauline et moi nous apercevons cependant qu'Adam découvre dans le voyage à plusieurs une dimension qui lui manquait. Son enthousiasme de voyageur solitaire et ses habitudes s'évanouissent au fil des jours pour se rapprocher un peu plus des nôtres, peut-être plus rigoureuses. Arrivés à Marrakech, nous nous promettons de nous revoir et le quittons souffrant. Alors, s'agit-il d'un tajine pas frais ou d'une crainte de se retrouver seul à nouveau, lui seul le sait...

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Ce rythme de vie “into the wild” prend une autre dimension à Marrakech. La foule, l'incessant va-et-vient de Dockers, mobylettes te frôlant à vive allure et les rabatteurs à tous les coins de rue nous incitent à sortir de cette jungle. Bruno nous avait alors conseillé parmi tant d'autres un riad tenu par un couple de connaissances et situé à deux pas de la place Jemaa-el-Fnaa. La lourde porte métallique s'ouvre et un havre de paix s'offre à nous, de quoi compenser nos déambulations dans la vieille ville et, plus généralement, toute l'agitation rencontrée tout au long de ce mois passé au Maroc. Nadine et Alain nous offrent des conditions parfaites, de quoi récupérer et poursuivre notre découverte de l'Afrique, du Maroc au Sénégal. Nous sommes bien conscients que la transition sera difficile, car outre ce logement 5 étoiles bien loin de ce que nous vivons habituellement, ce n'est pas en douceur, à vélo, que nous y entrerons, mais en avion, sous les parapluies des “autorités” officielles et familiales qui en souhaitent prendre “aucun risque”. La découverte de la Mauritanie se fera par procuration, au travers des récits de Bruno et Alain, bien décidés à la traverser à vélo et à partager la vie des Mauritaniens qui ne demandent que cela!


 
 
 

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