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de Buenos Aires à … plus loin

  • cestpartipouruntour
  • 17 déc. 2014
  • 6 min de lecture

Arrivés à Buenos Aires au petit matin après 36 heures de voyage dont 2 correspondances, l'une à Paris l'autre à Rome, une bonne demi-heure de taxi nous est nécessaire dans cet immense damier pour rejoindre le quartier Villa Urquiza. L'atmoshère est tiède, les habitations sont basses, des senteurs de printemps persistent, l'endroit à des allures de pueblo. On débarque nos vélos en caisse, nos sacoches, puis on sonne. Raph et Florencia, nos amis belgo-argentins nous accueille le temps d'une semaine. Ou plutôt, faute de place, ils nous envoient chez leur ami Eduardo, médecin retraité de 69 ans hyperactif, chez qui nous bénéficierons d'une chambre, de notre propre salle de bains, de l'accès à la cuisine et au grand jardin avec son barbecue proportionnel à l'appétit viandeux des Argentins. Le luxe! Il demande en échange que nous lui parlions français, de sorte qu'il puisse s'améliorer dans la langue de son prochain voyage humanitaire au Congo.

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La semaine file. Pauline en profite pour poursuivre son projet Camino et interviewer de nombreux écrivains migrants. Elle recharge par ailleurs mes sacoches de livres de seconde-main glanés sur l'avenue Corriente, la plus libraire d'Amérique du Sud.

Je suis moi-même chargé de la maintenance: remonter les vélos en les ajustant à nos mensurations, changer les piles du compteur, coudre un sac à viande déchiré et une sacoche, recharger notre stock de rustines.. Des tâches pas très exitantes, mais nécessaires à la poursuite de notre voyage.

Le soir, nous nous retrouvons ensemble autour de la table à discuter et à goûter aux spécialités argentines. Don German, boucher-traiteur à deux pas, nous fournit en viande de boeuf argentine, la tant renommée. Plus grasse, plus tendre, plus épaisse, plus cuite, c'est de ces façons que Raph, notre parillador, nous la sert dans l'assiette. On parle beaucoup de leur avenir, de l'endroit où ils souhaitent s'installer à long terme. Alors Chili, Argentine ou Belgique? Les arguments pour et contre se retrouvent en chaque destination. Un voyage programmé très prochainement en voiture et caravane, de plusieurs mois au travers de l'Argentine et du Chili, tentera de faire aboutir leurs réflexions.

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C'est à Buenos Aires que nous retrouverons Julian, un cyclotouriste argentin rencontré sur les routes espagnoles il y a plusieurs mois. Il nous donne rendez-vous sur son lieu de travail, au coin d'une rue, un dimanche après-midi, en pleine féria de San Telmo. On le retrouve derrière une foule attentive, accompagnant toute une bande de musicos gesticulant et jouant du folklore argentin, lui-même soufflant dans sa trompette. C'est en effet ici qu'il bosse, vivant de sa musique en vendant une centaine d'albums par semaine. Autour d'un verre, lui racontant que nous souhaitions découvrir la ville à vélo assisté d'un guide local, il nous propose gentiment de le remplacer en se calquant sur ce qui est proposé par l'agence. Le lendemain, nous parcourons la ville deux heures durant, empruntons une vingtaine des cent kilomètres de pistes cyclables, pour se rendre compte de la taille humaine qui règne dans cette métropole, de l'impression de sécurité et contredire une bonne fois pour toute la paranoïa ambiante qui régne chez les habitants, traduite ostensiblement par des grilles scellées aux fenêtres et aux balcons.

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De sorte à éviter d'emprunter à vélo une autoroute, bien qu'ici ce soit toléré, nous prenons un train accompagné de Julian jusque Pilar, village à la limite de la seconde ceinture de Buenos Aires. On laisse derrière nous 15 millions d'habitants, soit un gros tiers de la population du pays, le reste étant répartis dans quelques grosses villes et villages disséminés sur l'ensemble du territoire nonante fois plus grand que la Belgique. Autant dire qu'après c'est la campagne... Ou plutôt, c'est la pampa!

En Argentine, pour relier un point à un autre, soit tu empruntes une nationale, soit tu empruntes une piste de terre. On s'essaie tout d'abord aux nationales, trop contents de profiter de routes asphaltées régulièrement inexistantes au Sénégal. Gare à nous! La majorité des trains ayant disparu dans les années 90, les routes sont maintenant engorgées de camions à double remorque. Associé au fait ques les accotements n'existent pas, il nous avancer l'oeil rivé sur le rétroviseur, prêts à plonger dans le fossé lorsqu'un camion situé derrière un autre, faute de ne pas nous avoir vu plus tôt, se décale très légèrement, voire pas du tout, sur la bande de gauche.

Les encouragements continus nous font cependant oublier le danger permanent, les rencontres aussi. Elles sont parfois fortuites, mais souvent accompagnées de belles histoires. Prenons celle d'Oscar qui, au détour d'une station-essence où nous profitons d'une connexion Wifi, nous offre un t-shirt portant le nom de son atelier. En réponse à ma question, qu'est-ce qu'El Chucaro”, il me répond qu'il existe ici un danseur de folklore connu de façon légendaire pour faire danser les femmes jusqu'à l'épuisement total. Lui aussi les épuise, à sa manière, mais plutôt que d'en mourir, elles s'en vont et il se remarie alors à chaque fois. D'où son surnom...

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Planitude, rectitude, solitude, vents changeants d'un jour à l'autre, l'ennui nous guette après quelques 400 km. L'idée est dès lors de se rapprocher de profils plus montagneux, et profiter ainsi de points de vue à chaque sommet, et de se rapprocher de chemins plus sinueux, et se faire surprendre à chaque tournant. Cordoba nous paraît être un bon compromis. A Pergamino, ville moyenne sur notre carte au départ de laquelle une voie ferrée est dessinée jusque Cordoba, un local nous dit: “La gare n'existe plus, il faut aller à San Nicolas.”

A San Nicolas, même refrain: “La gare n'existe plus. Il faut aller à Rosario.”

120 km plus loin, un lundi, jour férié comme il en existe une quantité astronomique en Argentine, questionnant un garde devant la gare de Rosario, il nous affirme: “Le train de demain pour Cordoba est complet.”

Bon, envisageons le bus alors: “Nous ne transportons pas les vélo” nous dit-on à la gare des bus. “Ils doivent être envoyés par colis postal, démontés et emballés s'il vous plaît.” Le prix, le fait de devoir les démonter et le sentiment que nos vélos n'arriveront jamais en même temps que nous, nous dissuadent.

Le lendemain, de retour au guichet de la gare: “Il reste deux places pour vendredi.” On réfléchit longuement, car c'est dans trois jours et il ne nous restera que très peu de temps pour atteindre Salta où nous attend de la famille, mais bon, c'est cela ou rien.

De retour au guichet, devant notre air embêté: “Je ne peux normalement pas vous le dire, mais à la prochaine gare de Galvez, il reste vingt places à dispostion des habitants pour Tucuman. Ces places sont à acheter directement à l'accompagnateur, à l'arrivée du train en gare.” Tucuman étant plus au Nord, au pied de la pré-cordillère des Andes, c'est l'occasion d'arriver dans les temps pour Salta et tant pis pour Cordoba.

“A combien de km se situe Galvez par rapport à Rosario.” lui demande-t-on. “A 140 km au Nord.” nous dit-il. C'est parti!

Voyager, c'est s'adapter, composer avec tous les éléments pour trouver une solution et...prier un peu! Car à la gare, à l'heure de prendre le train, ce ne sont pas vingt personnes qui attendent, mais bien une trentaine. Le train se fait attendre, mais arrive finalement. Les gens se pressent, on a beau dire que nous sommes arrivés dans les premiers, un instant d'hésitation, puis l'accompagnateur nous demande finalement d'aller placer nos vélos et sacoches dans le fourgon à l'arrière du train, l'achat des billets se fera une fois le train en route. Ouf! On y est et pour un bout de temps, car dix-huit heures de voyage minimum sont prévues jusque Tucuman.

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Nous profiterons de ce temps, Pol et moi, pour nous remémorer toutes les personnes nous ayant proposé leur aide ou nous ayant hébergé depuis Buenos Aires:

  • Julian, qui a pris le train jusque Pilar puis nous a accompagné en vélo une dizaine de km afin de s'assurer que nous soyons sur la bonne voie,

  • Marita et Marcelo, qui nous ont proposé de camper dans leur jardin suite au refus de la police de bivouaquer dans un parc,

  • Oscar, qui nous a offert un t-shirt portant le nom de son atelier de réparation de machines agricoles, histoire de ne pas oublier la gentillesse des Argentins,

  • Diego, directeur du centre sportif de Pergamino, qui nous a mis à disposition une chambre, une salle de bains et une cuisine,

  • Mauro, policier, qui nous a conduit jusqu'au club de sports de la ville et qui a ensuite démarché pour nous permettre de bivouaquer à côté des terrains de sport,

  • Les tenancières de la cafétaria de ce même centre sportif qui, en guise de cadeaux de bienvenue, nous ont apporté des pâtisseries, une grande bouteille de Sprite et des tas de glaçons,

  • Cécile et Guido, qui nous hébergé deux jours durant et qui nous ont offert une soirée asado entre amis,

  • Alejandro et sa famille, qui nous ont soigné aux petits oignons deux jours durant,

  • Martin, qui nous a rejoint au moment du départ accompagné de délicieux alfajores de quoi surmonter les longues heures de voyage et qui a patienté à nos côtés jusqu'à l'arrivée du train,

  • Et tous les autres que nous n'avons pas cités...

Tous nous ont permis d'aller toujours plus loin!

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