ruta 40 … dégustation

Débouchant une bouteille de vin artisanal achetée au petit producteur nous ayant autorisé à camper sur ses terres viticoles, confortablement installés face à des aiguilles rocheuses, on déguste. Le vin est intense, charpenté, longtemps en bouche, un peu comme la piste que nous empruntons depuis deux jours: la mythique route 40. Elle traverse toute l'Argentine du Nord au Sud, sur un peu plus de 5100 km, de la frontière bolivienne au Nord de Bariloche.

Bénéficiant de vues magiques sur la chaîne des Andes, de nombreux cyclotouristes la parcourent régulièrement, une majorité reliant Lima à Ushuaïa en à peu près six mois, d'autres, plus aventureux, partant de l'Alaska pour rejoindre la Terre de Feu un an plus tard. Notre choix est de la parcourir sur près de 240 km, de Quilmes à Cachi, en direction du nord, désireux de croiser la route de voyageurs en sens inverse. Notre attente ne sera pas bien longue et c'est d'abord avec Maria et Adria, couple espagnol, puis avec Hubert et Batell, couple français, que nous échangerons pour connaître notamment le chemin le plus adéquat en vue de rejoindre l'altiplano bolivien.

Le tronçon Cafayate-Cachi est une pure merveille naturelle. L'érosion des vents, des pluies et des rivières y est pour beaucoup, la disproportion aussi. La chaleur peut y être torride, le vent peut y être fort, la piste peut y être exécrable, l'atmosphère peut y être continuellement poussièreuse. La difficulté est contre-balancée par des arrêts répétés contemplatifs de ces monuments naturels. Le spectacle est ininterrompu. Chaque tournant de cette piste tortueuse nous offre des perspectives différentes de ce paysage lunaire. Seuls quelques arbustes et les cactus nous font revenir les roues sur terre. Cette terre, qui grâce à ses 340 jours de soleil par an, son altitude située entre 1700 et 2500m, ses eaux de montagne et enfin le savoir-faire des viticulteurs Calchaquies (“semeurs de la lune” en quechua), nous offre un vin somptueux.

Le temps de se servir un second verre, on déguste...