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je vous en remets un petit peu?

  • cestpartipouruntour
  • 4 mai 2015
  • 5 min de lecture

Oui, oui... Enfin un peu de quoi? Trop tard nous voilà embarqués pour plus de montagnes andines et tous les petits plaisirs qui vont avec. Topo: nous avons 8 jours pour rejoindre Cuenca, en Equateur, depuis Huánuco, au Pérou donc et à 1300 km de là car mes parents viennent nous rendre visite. Challenge impossible même pour le peloton du tour de France, il nous faudra donc prendre un bus sí o si. L'itinéraire: nous nous rendons à Huáraz à vélo étant donné qu'il s'agirait d'une de plus belles routes du Pérou, nous y randonnerons un jour peut-être puis nous foncerons vers le Pacifique (enfin!) via Chimbote et de là on grimpera dans un car.

“Douce” reprise

Il me semble que nous n'avions jamais poussé le bouchon si loin après un arrêt de 15 jours: 1200 m de dénivelé dans la journée, col à 4900 m et bivouac à 4700. Pour trouver ce camping d'un soir il fallu être assez inventifs car la montagne était rasée, à la militaire, et la route s'apparentait plutôt à un mur grisâtre sur lequel serpentinait une guirlande noire, notre route. Alors que nous entendions encore au loin les chiens qui nous avaient poursuivis pendant 10 mintues (oui, le Pérou est LE pays de chien APA – aboyeurs, poursuiveurs, agressifs) nous nous écartons de la route principale en empruntant l'ancienne route de terre pour y retrouver l'unique recoin de la montagne. A quelques pas d'une source glaciale et derrière une poignée de rochers, nous plantons la toile pendant que le vent s'occupe de glaconner chacun de nos orteils.

Pendant cette nuit sans lune, des chevaux sauvages assoiffés nous contournent lentement. A la vue de nos vélos, leurs pas creux accélèrent, aucune affinité avec nos montures d'acier semble t-il. Le lendemain, entre deux cuillerées d'avoine pâteux, un berger vient nous mettre en garde contre les taureaux sauvages. Conseil d'ami ou anecdote-chasse-gringo?

Cordillère où es-tu?

Nous reprenons la route mais le ciel est de mauvaise humeur, brouillard grincheux et gouttelettes grises nous suivent toute la journée. Heureusement la circulation n'est pas dense et quelques bus bolides seulement nous dépassent dans une de ces côtes où on a le temps d'observer les fleurs mauves, et jaunes, et vertes et la compagnie d'insectes qui les habitent.

Une paire d'heure plus tard, je vois au loin un bus en arrêt qui semble caresser le flanc des rochers. On appuie plus fort sur les pédales. Le véhicule est là, deux roues dans le creux du fossé et la carrosserie déchirée par des dents de pierre. Les passagers qui en sortent sont curieusement souriants et me crient “buen viaje!”. Oui, à défaut du leur...

Au petit matin d'une nuit en piaule, le temps nous sourit enfin et avant que les nuages ne viennent troubler ce grand bleu, j'immortalise la vue enfin dégagée. Qui aurait cru que cet altiplano vallonné et humide abritait en fait une lagune émeraude? C'est le moment c'est l'instant, il faut s'en aller vite pour pouvoir admirer cette cordillère blanche tant promise. Quelques kilomètres plus loin c'est l'extase, les pics enneigés se dévoilent au dessus d'aspérités noires et rocheuses qui trônent sur un tapis couleur mousse. Plus que quelques coups de pédales avant la longue descente qui nous mène à Huáraz!

L'auberge espagnole revisitée ou “Albergue El Tambo”

Il faut bien la chercher, filtrer les indications contradictoires glanées dans les environs puis on l'aperçoit derrière un mur de pierre au fond d'une courette. L'auberge El Tambo, amie des cycliste existe toujours et Mariela nous trouve une place pour la nuit dans la salle télé alors que l'endroit affiche complet. Le lendemain on sèche, on lave on se repose. Enfin surtout se reposer pour Cris car son estomac ne se remet pas du fromage frais acheté la veille sur notre chemin. On discute avec Flore, une bretonne qui parcourt l'Amérique latine à la découverte de projets environnementaux qu'elle présentera au sommet pour le climat qui aura lieu dans la capitale française dans quelques mois. Il y a là aussi un groupe d'amis qui descend depuis les USA de bus en auberge et d'auto-stop en rencontres. Au bout de la table, entre un israélien nomade et un américain en rejet de sa quarantaine, voilà Pampa, un argentin qui, au fur et à mesure de ses vente d'artisanat en macramé, redescend vers son pays natal après un trajet inverse, en vélo et en couple. Ce soir nous improviserons une soirée pizza au feu de bois et on chantera en 3 langues.

Même les montagnes se rencontrent

La météo en nous permet finalement pas de randonner dans le coin, bon ce sera l'occasion de revenir, en route pour notre dernier tronçon péruvien!

Jusque Caraz, restaurants et aires de recreo, se succèdent et se ressemblent puis, enfin, plus personne et on nous annonce le fameux Cañon del Pato. Ces gorges sont le point de rencontre des deux cordillères, la noire et la blanche et où, par conséquent, la route a dû transpercer la montagne pour laisser passer le flux à deux ou quatre roues.

Au départ, c'est une lisse route en descente où le soleil joue à cache-cache au rythme des tunnels. Passés Huaylas, place à la piste caillouteuse et aux côtelettes casses-jambes. A 18h, nous avons notre dose de paysages pour la journée, nous camperons donc sauvage à la croisée de trois montagnes aux parois de granits grises et au pied de deux rivières au reflet de plomb.

Le réveil est magnifique, les montagnes caméléonnes virent ocres au soleil et pas de nuages en vue, y'a plus qu'à profiter de ces précieuses images.

Deux heures plus tard nous tombons nez à nez avec Julia et Laurent, un couple français qui se promène entre Bogotá et Ushuaïa pendant un peu plus d'un an. Et là, dans ce beau milieu minéral, nous échangeons adresses et coups de coeur et avons même le temps de discuter de notre identité de gringo en terre péruvienne. Une demi-heure après c'est au tour de deux anglais partis en tour du monde depuis deux ans. Serions-nous sur une autoroute à cyclos? Pas routièrement parlant en tous cas: les douze coups de midi passés, le vent se lève et nous retient en arrière, la poussière soulevée vient former une pellicule brune sur nos bras en-crémés et les cailloux pointus bloquent notre compteur à 7km/h, en descente, oui madame! Bref on arrive à la petite bourgade bien connue de Chuqicará défaits et complètement asséchés, curieuse sensation d'être devenu de vieilles dattes au soleil. Il est déjà 16h, on décide de rester là pour la nuit et de prendre un jour de plus pour rejoindre la côte.

Trio de nuits de choc

Ah l'idée quelle était pas bonne: la petite pension qui nous offrait une soitdisant chambre fraiche et une douche revigorante n'est pas loin de notre standard insalubrité et n'a en fait pas d'eau du tout. On devra donc se dépoussiérer à l'eau de rivière coupée au ciment vu sa couleur. Les tenanciers tiennent aussi à nous détailler le dernier braquage de bus sur la route d'à côté qui s'est passé... samedi passé. Un de ces retours un peu brusques au beau monde humain.

Le lendemain nous retrouvons le macadam et une douce descente après du pain perdu au sucre de canne fait-main. Juste 80 km sous un soleil torride et nous tombons sur la panaméricaine que nous voulions éviter à tout prix. Verdict: aucun regret n’effleure notre esprit à la vue de cette longue bande grise sans accotements et au bruit incessant de camions qui frôlent nos mollets.

A Chimbote, nous sautons dans le bus du soir pour nous réveiller à l'aube à Piura, à deux pas de la frontière équatorienne. Alors que je débarque dans notre dernière ville péruvienne plutôt en forme, Cris est livide et fiévreux. Il n'a pas fermé l’œil de la nuit et ses jambes sont douloureuses. Nous passons la journée d'attente avant le bus de nuit qui nous mènera dans le pays voisin en nous reposant de places en bancs et de parcs en cafés. Mais rien n'y fait, Cris pâlit de plus belle alors nous remontons dans le car en espérant que cela passera...

La suite en Equateur!

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