Portland, the place to B

cestpartipouruntour
3 août 2015
3 min de lecture

De Washington à l'Oregon il n'y a que quelques gouttes, enfin un petit milliard; ce sont celles de la Columbia River qui sépare les deux états et que nous franchissons pour atteindre la maison de Patrick et Diana nous ayant proposé de nous héberger le temps qu'on voudra.

On descend de nos montagnes, le chemin serpentant le long des côteaux fait place à des quais lisses de faubourgs, la nature est domptée, nous arrivons in the city. Les rues sont calmes, les devantures souvent colorées, parfois surprenantes: un trottoir transformé en carré potager ou en rangement à poussettes et des arbres fruitiers qui plient sous le poids des prunes et pommes à la portée du cycliste. La maison de Pat, Diana et leur fille Violet est là parmi d'autres. Des panneaux solaires et une végétation foisonnante la distingue pourtant des autres bien comme il faut. Devant l'entrée, une armoire-bibliothèque publique construite par les propriétaires donne le ton. La bouche ouverte de bois nous apostrophe discrètement: “tu prends, tu donnes, peu importe, mais je te donne accès aux livres”.

Vous l'aurez deviné, un premier “B” de la ville (préparez-vous y'en à trois, pressés s'abstenir) c'est celui de “books”, car c'est ici que se trouve Powells, qui s'auto-proclame pas moins que la “city of books”. C'est que cette librairie fait un pâté de maison entier et forme le plus grand rassemblement de livres des USA. Nous entrons donc dès le premier matin. Nous n'en ressortirons que 2h30 plus tard, contraints et forcés par notre compte banque et un vague souvenir de la taille des sacoches.

Le livre est aussi au coeur de l'univers de Violet, une petite fille peu commune elle-même héroïne d'un beau livre: à 8 ans, elle parle couramment l'espagnol, une langue qu'elle apprend par plaisir. Elle adore grimper aux arbres, sauter depuis son trampolin au jardin de sa voisine et s'habiller aux couleurs du club de foot féminin de la ville. Au programme cet été, c'est “camp de survie” où elle apprendra à faire du feu, se camoufler et chasser les zombies. En dehors de ça, c'est lecture à la maison, elle dévore une dizaine de bouquins par semaines...

Au suivant, le deuxième B; c'est “brewery” micro-brasserie, si vous voulez. Portland en est tout bonnement infesté et il y en a pour tous les goûts, au prix américain, dommage, c'est 6 dollars la chope. Le Belgian style est à l'honneur, la Indian APE et la draught aussi, les Vaudrées liégeois n'ont qu'à bien se tenir.

Last but not least, le B qui reste c'est celui de “bike” of course: Portland c'est l'Amsterdam du vélo, mentalité hype en plus. Cela se remarque dès l'entrée de la ville: pas de traversée de faubourgs mal famés pour une fois, il y a des pistes signalisées un peu partout. En site propre, sur les berges ou sur le ponts, le vélo a sa bande, ses feux, sa place. Ce qui intrigue surtout l'étranger de passage, c'est la propagande de cette vélo-attitude: marque-page, autocollants, tasse, tout est imprimé bicyclette. En rue, les anti-vols ont pris la forme du deux roues, les murs en sont tagués et les petites reines stylées grouillent tranquillement. Partout je vous dis.

Les bike shops sont évidement très nombreux, ils se spécialisent d'ailleurs, comme en médecine. Des généralistes (comme chez nous en gros), puis des spécialisés: vélo-couchés, vélos-cargos, vélos transport-enfants, un spécialiste en jantes puis tout près un artisan sacocheur. Celui-là a par exemple inventé le porte-tasse de café pour vélo, invention non des moindres vu l'omiprésence du café et du coffe-shop à Portland. Chaque quartier est fière de son café du coin, tous au style bien personnalisé, partageant la même fourchette de prix, exhorbitante, mais qui leur permet de vivre. La blague urbaine du moment affirme que certains serveurs de coffee shop ne parleraient qu'aux clients au Mac sous le bras. Il n'y a pas de fumée sans feu hein...

Bref Portland c'est BBBeaucoup de plaisir, y'a plus qu'à la copier si vous voulez qu'on revienne en BBBelgique... Ca vous dirait à vous?