quinze mille et plus

L'humain a besoin de frontière, de limite et de moments clefs. Pour les dépasser évidemment. Malgré notre nomadisme nous avons ainsi fêté les anniversaires, le Nouvel An, Noël et le 15 août (non, là je rigole).

Alors cette semaine, nous avons décidé de célébrer nos 15.001 km avec un petit instantané de la route. Ici aux Zetats Zunis, la question la plus courante, c'est le “how are you today?”. On nous la pose mille fois mais on attend jamais la réponse. C'est la continuation logique du “Hi!”, la sympatoche-attitude à l'Américaine qui finit par “have a good one!”. Alors nous on va y répondre pour une fois à cette question: How are we today?

D'abord, notre corps: il va plutôt bien même s'il est mis à l'épreuve quotidiennement. Ici le soleil tape dur et les étapes sont longues, le choix de campings étant limité. Mais mis à part quelques élongations ici ou là et nos fesses qui s'usent sur la selle, on se sent en forme vu le nombre de kilomètres parcourus depuis le passage de frontière avec le Canada, 3500 km, on aura jamais autant roulé dans un même pays.

Difficultés de route? Pas vraiment, c'est la vie facile pour les cyclos: des magasins fréquents, de l'eau aussi, pas de montagnes mais quelques collines et tous les jours un camping où loger. L'Oregon et la Californie ont une centaine de State Parks le long de leur côte où ils ont réservé un petit emplacement pour les hikers et bikers. Enfin en théorie, car il y a toujours le petit suspens de savoir si le parc existe encore, s'il y a de l'eau et des douches. Ce matin nous nous sommes par exemple réveillés dans un camping privé, coincés entre une nationale et le passage de trains de marchandise (dormir le long de la Nationale 4, check) car le camping prévu est en travaux. La dernière fois on avait du dormir sous un pont avec nos amis Matthias, Anthony et Caroline... Finalement c'est le piquant de la route, une "leçon de vie" disent certains.

Vu cette facilité théorique, la Pacific Coast est l'itinéraire #1 pour les cyclistes Nord-Américains. C'est donc l'occasion de belles rencontres car mis à part les quelques dizaines de cyclos moulés dans leur chamois et prêts à battre leur record des 120km journaliers, il y a des épicuriens comme nous, prêts à discuter. Nous avons rencontrés des cyclos charmants pour un jour ou une semaine, on se croise, on s'attend, on s'échange les bons plans... et on se défoule sur les Californiens qui ont beaucoup de mal avec le concept du vélo (quoi ça n'a pas de moteur? Bouge-toi de ma route!).

On n'a pas mauvais donc en Californie mais on se réjouit quand même un peu de connaitre une culture différente, les surprises, les rencontres, les sourires spontanés et un mode de vie plus humain. Je sais que dès le Mexique on regrettera la variété de nourriture, l'eau potable et la tranquilité du camping en State Park mais.. on est baroudeurs ou pas? Enfin baroudeurs un peu déconnectés j'avoue, car le temps de rédiger, sélectionner les photos et mettre en ligne l'article, on a passé la barre des 15.500 km...

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